Jésus éclaire le mal pour le transformer
« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »
Nous continuons notre bonhomme de chemin, de carême, pour découvrir la miséricorde de Dieu.
Après avoir accepté Jésus comme compagnon sur cette route (1° semaine), après avoir découvert que c’est lui seul qui transforme tout pour le tourner vers Dieu (2° semaine), nous allons aujourd’hui voir comment Jésus met en lumière le mal.
Cependant, il me semble important de ne pas nous tromper de point de vue, d’angle d’attaque, ou en tout cas de point d’attention : c’est notre vie, notre salut, notre existence qui est en jeu, dont il est question.
Jésus, en venant sur terre, n’a rien évité : ni les confrontations verbales (tous ses discours mais aussi ses dialogues avec les docteurs de la loi et les scribes), physiques (du toucher des lépreux ou des aveugles à l’expulsion des marchands du Temple).
Il a à la fois parlé de Dieu mais aussi éclairé le mystère du mal d’une manière nouvelle qu’il nous faut découvrir si nous voulons avancer dans notre vie chrétienne.
Les démons viennent à lui, non pas pour le violenter, mais pour dire qui il est, pour le révéler à tous qu’il est le Messie avant l’heure : aussi, Jésus les fait d’abord taire puis les expulse.
Il est étonnant que nous chrétiens, nous puissions encore être apeurés ou effrayés par quelque chose après avoir connu Jésus en vérité. Avec Jésus, nous devrions nous sentir accompagnés chaque instant par la plus formidable énergie qui existe sur terre, et que rien ne peut nous enlever : la grâce de Dieu ! Si nous étions pleinement chrétiens, plus rien, aucun difficulté ne pourrait nous faire désespérer !
Nous contemplons dans la vie des saints le modèle d’une vie chrétienne, et si nous ne nous sentons pas capables de vivre comme eux, c’est plutôt par médiocrité que par courage ! Suivre vraiment Jésus est exigeant, simplement parce que cela demande de renoncer définitivement au mal, au péché !
C’est le sens des paroles de Simon-Pierre après la pêche miraculeuse : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pêcheur ! »
L’Église a toujours parlé du péché : dans les missions des religieux lors des siècles passés, les premiers jours (3 sur 7 environ) étaient toujours consacrés au péché et au mal. Pas pour rendre les fidèles plus conciliants ou pour les apeurer, mais pour éclairer chacun sur la nécessité absolue, urgente de se convertir : le salut me concerne, il est pour moi, et c’est maintenant ! Ce sera toujours un combat de l’Église, car taire le mal c’est faire son œuvre.
Jésus, donc, rencontre des gens pauvres, rejetés, mais aussi marqués par le mal :
Une femme prise en flagrant délit d’adultère (où est l’homme ? hypocrisie d’une société ou d’une époque…), des larrons sur la croix, Judas, un collecteur d’impôts, une samaritaine…
Nous voyons déjà que le mal n’avait pas le même sens à l’époque de Jésus qu’à la notre :
notamment la notion de mal social, d’attitude mêlant le religieux et le social comme dans le cas des publicains : le fait de toucher l’argent romain rendait impur tout juif, nécessitant une purification religieuse !
Cependant, il est important de voir que ces attitudes existent toujours, même si elles ont pris d’autres formes (ex : dictature en Argentine).
Envers tous, Jésus a une attitude qui élève le débat :
• Il propose une rencontre, un chemin de sortie – Zachée, Matthieu, Pierre qui le trahit, la samaritaine
• Il met ces personnes en avant, sous le feu des projecteurs :
- Pour la femme pécheresse qui verse du parfum sur ses pieds, il raconte une parabole à la table puis remet doucement en place celui qui l’a invité,
- Il regarde Zachée au milieu de la foule, pour s’inviter chez lui,
- o Il touche des intouchables, ce qui lui vaudra de devoir se tenir à l’écart des villes et villages.
Jésus ne fuit pas le mal, il lui fait face sans aucun désir de revanche ou de vengeance : il n’est pas venu livrer bataille contre satan au sens où nous l’entendons.
Il est venu apprendre aux hommes à lutter contre lui. Il est venu nous enseigner. C’est ce qu’il a fait lors des tentations au désert, et qu’il continuera jusqu’à la croix.
Le remède passe par le développement des facultés de la victime.
Il y a 3 composantes lors d’un acte de délinquance : l’agresseur, la victime, les secours.
Quel est le plus important travail à faire ? Faire que la victime n’en soit plus une.
C’est l’éducation, la pédagogie. L’image que je vous donnerai aujourd’hui est celle du bourgeon :
Grain – plante/arbre – bourgeon – fruit/fleur
Chaque étape peut paraitre tellement spécifique qu’elle ignore les autres. Cependant, chacune est une étape de la croissance.
Parallèle avec l’histoire humaine : un bébé – une enfant – une jeune fille – une femme – une personne âgée. Les âges de la vie sont différents, distincts, mais ils sont la vie d’une même personne.
Dans ce temps de carême, Jésus nous enseigne comment nous ouvrir en vérité à sa grâce, et par là même à dire un non franc et définitif au mal.
C’est la pédagogie de Jésus, sa manière de faire dont nous devons nous inspirer pour notre vie quotidienne :
« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Jn 15,13
Notre chemin pour poursuivre notre carême pourrait être celui-là :
« Faire de sa vie un je t’aime »
Je vous remercie de votre attention.
Père Daniel RIGAUD