1° dimanche de carême : Jésus comme compagnon
Voici ce premier enseignement pour le carême 2016, un carême de miséricorde.
Sachons que si nous vivons ce carême comme une sorte d’exercice intérieur d’amélioration, comme de nombreuses techniques de bien-être aujourd’hui, il ne nous servira à rien.
Le carême n’est pas un footing spirituel, un entrainement pour améliorer nos caractéristiques spirituelles.
Mais alors qu’est-ce que c’est ?
Je voudrais en ce premier dimanche vous ouvrir au fait que ce qui est important dans le carême, c’est la personne de Jésus.
Vous vous en doutez, c’est Lui qui est le coeur de notre foi chrétienne, car c’est son chemin, ce qui lui arrive qui fait le carême.
Mais c’est encore plus important ce que cela : Jésus est le chemin, il incarne en lui-même ce que nous avons à connaitre pour avancer dans notre vie chrétienne.
L’important ce ne sont donc pas les exercices, les efforts, les idées que nous pouvons partager, les propositions auxquelles participer, sinon lui, Jésus.
En un mot, il ne nous faut pas nous tromper entre le message et le messager, car pour nous Jésus est le Verbe de Dieu, Celui qui nous transmet la Bonne Nouvelle.
Le carême, c’est d’abord le connaitre, nous le rendre familier, l’accueillir.
Or, il vient librement vers nous, et notre réponse ne peut être obligée, motivée par quelque motif que ce soit : notre ouverture à Jésus doit être vraiment libre.
En quittant ses apôtres, Jésus leur a dit : « allez, de toutes les nations faites des disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et apprenez-leur à garder les commandements. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Il donne mission et présence, l’une n’allant pas sans l’autre.
C’est le compagnonnage avec Jésus qui caractérise le carême. La qualité de notre carême sera donc la qualité de la relation que nous aurons tissée avec Lui au long de ces 40 jours.
S’ouvrir à Jésus, c’est reconnaitre ce qu’il a fait en venant dans ce monde : il a accueilli toute demande, toute rencontre avec un infini respect et une charité qui a bousculé toutes les frontières : de Zachée qui est bouleversé et donne sa fortune, de Matthieu le publicain qui se lève et le suit, de nombreux malades, aveugles et lépreux qui sont guéris par lui.
Pour Jésus, chaque rencontre est unique et est une occasion d’ouvrir à la grâce, à la miséricorde de Dieu. Il n’est jamais pris en défaut de charité. Il met chacun a sa place, à sa vraie place, et cette place est importante aux yeux du Père.
Dans ses discours par contre, Jésus fustige les comportements trop religieux, trop coincés par une lecture littérale de la loi de Moïse. Il remet en cause tous les comportements en disant qu’il est le maitre du sabbat, qu’on doit nettoyer l’intérieur de la coupe, et que c’est le coeur qui doit commander dans les comportements, les gestes extérieurs n’étant que le signe de la foi intérieure.
Jésus est notre boussole, notre modèle, notre chemin. Sans Lui rien n’est possible.
J’ai trouvé une phrase qui dit cela : « Tu n’as pas besoin de Dieu pour changer : tu as besoin de toi. Bien sur, si tu acceptes son aide, c’est beaucoup plus rapide. »
Aimer Dieu en Jésus, c’est à la fois indispensable pour réussir sa vie humaine à 100% et toujours un acte libre, non imposé, gratuit de notre part.
Le symbole de ce dimanche, de cette semaine de carême à venir, c’est le pain partagé.
Jésus est venu pour nous inviter à partager quelque chose qui est immense. Chacun est le bienvenu à ce partage, à cette rencontre. L’invitation de Jésus est pour tout homme, pour toute personne.
Le pain partagé, c’est le pain offert à chacun, l’un après l’autre. Ce qui unit les chrétiens, les croyants, c’est ce partage de Jésus. Il a l’initiative, et nous rassemble autour de Lui.
Si ce n’était pas Jésus qui nous rassemblait, nous aurions toutes les raisons de nous étonner d’être là : nous avons probablement des idées différentes dans beaucoup de domaines, des manières de faire qui sont distinctes. Jésus, lui, nous rassemble. Son affection, son amour pour chacun ne se divise pas, il se partage, se multiplie. Comme la maman de nombreux enfants à qui l’on demandait lequel elle préférait : on donne à chacun selon ce qu’il est : c’est cela l’amour.
Jésus, donc, nous convie à sa table. Il fait de nous des convives, des compagnons, ceux qui ont partagé le pain.
Pour devenir des amis, la sagesse orientale dit qu’il faut manger un sac de sel ensemble, c’est-à-dire prendre ses repas souvent ensemble. La table du pain partagé pour Jésus, c’est l’occasion de le connaître, de l’entendre, de nous sentir faire partie d’un groupe, d’un corps plus grand que la rencontre personnelle avec Lui.
Une certaine laïcité voudrait nous faire croire que la foi chrétienne est un acte isolé, personnels, intime. C’est totalement faux. La foi, et ce depuis les apôtres, est une rencontre, un événement public, que je vis avec d’autres. Dès le début, dès ce groupe de 12 choisi par Jésus et dont le nombre même est symbolique, la foi est partagé, vécue avec d’autres, en groupe.
On dit que 12, c’est un groupe à la fois trop petit pour être noyé dans la masse et trop grand pour qu’une seule individualité prenne le dessus. Chaque personne du groupe des apôtres a sa place.
Pendant ce carême, nous sommes donc invités par Jésus à devenir ses compagnons, membres de ce groupe, membres choisis par lui et intéressés pour le connaître davantage.
Revivifier notre baptême, le renouveler passe par cette redécouverte de Jésus, de sa personne, de sa personnalité. Au cours de la messe qui va suivre, nous allons encore être témoins de ce miracle de la transformation du pain et du vin en Corps et Sang du Christ. C’est le cadeau ultime, : Jésus nous nourrit de sa présence, comme il le disait en Matthieu 25, et nous donne l’aliment parfait pour notre vie chrétienne : lui-même.
Soyons donc ceux et celles qui partagent le pain de l’amitié avec Jésus, le pain de l’eucharistie, laissons-nous étonner, émerveiller par sa personne, par ses paroles, par le mystère de sa présence. Laissons-nous entrainer par sa manière de faire, car sa présence et son appel (mission) nous mettent en route continuellement pour vivre notre vie d’hommes et de femmes.
Jésus, partage le pain et se donne en nourriture. Soyons-en les témoins émerveillés !
Père Daniel RIGAUD