2° dimanche de carême : Jésus transforme tout
En ce 2° dimanche du carême, je voudrais que ce court temps d’enseignement nous aide à aller plus avant dans la connaissance, dans la proximité de Jésus.
Je vous avais partagé combien le carême, et particulièrement ce carême de miséricorde, est avant tout un temps de rapprochement avec le Fils de Dieu, avec Jésus.
Jésus est notre chemin, notre modèle, notre lien avec Dieu le plus facile, le plus évident, le plus fort.
Le suivre, le connaitre, apprendre à l’aimer et se découvrir aimé de lui est le véritable chemin, la vocation du chrétien, du baptisé.
En ce dimanche, je voudrais vous partager ce qui fait la particularité, la spécificité du christianisme, de la foi en Jésus.
En somme, qu’a apporté Jésus en venant sur terre il y a 2000 ans ?
Qu’est ce qui a fait que son passage, 2000 ans après, marque la vie de tant d’homme et de femmes si différents de race, de culture, de pensées différentes à travers les lieux et les âges ? Qu’est-ce qui fait battre le coeur de plus d’un milliard d’êtres humains aujourd’hui ?
Ce qui change tout, c’est que ce qu’a amené Jésus, ce qu’il a apporté. Pas seulement quelques belles phrases, quelques conseils de sagesse éclairés ou judicieux : sa vision, son message sont et restent encore aujourd’hui une révolution pour la pensée humaine, des débuts de l’humanité jusqu’à aujourd’hui.
On nous rapporte dans l’Evangile que Jésus parlait « non pas comme les scribes, mais comme quelqu’un qui a autorité » : « On vous a dit, moi je vous dis ».
Son regard, ses paroles mais aussi ses actes confirment que quelque chose d’entièrement nouveau est arrivé, et que ce changement transforme l’humanité et l’univers définitivement.
Jusque-là, les dieux et les hommes ne se mélangeaient pas, leurs mondes étaient bien séparés, et si chez les romains ou les grecs quelques dieux venaient s’acoquiner avec des humains, cela se terminait toujours pour les uns et les autres par un retour dans son monde d’origine : chacun chez soi !
Voici que Jésus, Dieu-fait-homme parait : il annonce une Bonne Nouvelle, une année de bienfait pour tous les hommes de la part de Dieu. Il l’annonce et le met en oeuvre, en guérissant les malades, en se faisant proche des rejetés de son temps, en remettant en cause toutes les idées reçues. Il FAIT toutes choses nouvelles.
Il nous invite à quitter le vieil homme, nos idées, nos comportements pour en acquérir de nouveaux venant de Lui. Il nous invite à changer notre regard sur le monde à partir du sien : celui d’un Dieu qui aime le monde, qui l’a créé, qui a tout placé en lui pour le bonheur, et qui, même s’il est marqué par le péché et la mort, va vers un achèvement heureux.
La nouveauté qu’apporte Jésus est surtout dans l’amour qu’il montre, qu’il porte, qu’il transmet : cela remet debout des malades, questionne et scandalise ses pairs, ceux qui pensaient le connaitre : « n’est-il pas le fils du charpentier ? ». Cela redonne confiance en eux-mêmes et en Dieu aux petits, aux laissés-pour compte, à tout ceux qui pensaient que Dieu les avait oubliés.
Pour nous aider à comprendre un peu mieux ce que provoque Jésus en nous, je vous propose une image, un symbole, quelque chose qui peut nous aider à approcher ce que Jésus a apporté : cette image, c’est la chrysalide, le cocon.
Entre l’état de larve et celui d’animal adulte, un certain nombre d’insecte, comme les papillons, passent par cet état. C’est un état qui s’apparente à la mort, ou après une première vie ou la larve se nourrir pour grandir, on devient fragile avant de parvenir à l’âge adulte.
D’autre part, pour sortir de cet état, aucune aide extérieure n’est possible : si l’on ouvrait un cocon, l’animal n’aurait pas ensuite la force, pour le papillon par exemple, de voler car ses ailes ne seraient pas terminées. La rupture du cocon est une étape nécessaire pour compléter la transformation.
Ainsi donc, on pourrait donc dire que le carême, c’est le moment ou nous sommes dans la chrysalide : en état de transition, de transformation, grâce à notre baptême (l’état initial), en passe de devenir adultes dans la foi.
Se laisser troubler, transformer, changer par Jésus, c’est accepter de grandir, de renouveler notre regard. Mais là encore, il ne fera pas le changement sans une action de notre part. Nous devons vivre ce changement par notre propre décision. Si n’avons pas le choix, comme le papillon, de passer par l’état de chrysalide, nous participons à notre propre maturation.
Nous sommes appelés à ne pas rester des bébés dans le foi mais à grandir.
Ce que Jésus change, c’est qu’il nous montre un ciel nouveau et une terre nouvelle, qui’l nous donne les moyens de dire non au mal, au péché, de faire de notre vie un don. Il a mis en nous, par le baptême, tout ce qui nous est nécessaire pour réussir notre vie, pour être heureux. Cependant la vie chrétienne est un combat, réel et spirituel, contre des forces qui veulent nous détruire, nous faire passer à coté de notre vie, nous faire désespérer de changer quoi que ce soit. Jésus apporte un bonheur possible, réel, qui nécessite notre adhésion complète.
Le carême nous conduit donc sur un chemin d’offrande, de renoncement, de concentration sur le seul nécessaire, indispensable : la place de Dieu dans nos vies.
Vivre sa vie à 100%, réussir sa vocation d’homme ou de femme, c’est vivre avant tout de la vie de Dieu, c’est accepter de recevoir de Lui la grâce nécessaire à notre existence, tout en devenant capable d’agir ou de parler avec le discernement nécessaire pour changer véritablement ce monde.
Lors de la rencontre du groupe citoyen à la mairie qui fait suite aux attentats de novembre, nous avons partagé des visions différentes, des questions importantes pour le vivre ensemble ici à Graulhet. Si l’on attendait que cela change tout en un tour de main, on baisserait les bras ou on tomberait en dépression. Par contre, découvrir la force que cela donne de partager sur les difficultés d’aujourd’hui, sur le nécessaire vivre ensemble, c’est commencer aujourd’hui un chemin qui transformera véritablement ce monde, pas à pas.
Autre image : si je veux commencer un régime, il faut que j’enlève un aliment, que je mange un peu moins de pain ou de fromage : un petit renoncement pour une grande avancée. Si j’attends d’avoir la liste de ce tout ce que je dois manger pendant 1 mois, je ne commencerai jamais !
Vivre le carême, c’est donc cheminer chaque jour en effectuant ces petits changements, ces améliorations de ma personne qui ne se voient pas (ou se voient peu) mais modifient durablement mon être.
C’est aussi croire que si Jésus m’accompagne aujourd’hui et m’aide à trouver des moyens simples d’agir, il fera de même demain : un engagement durable avec Jésus comme compagnon.
Si Simon, Zachée, Thomas, Jacques ou Jean ont suivi Jésus jusqu’à donner leur vie pour Lui, c’est qu’ils ont trouvé en Lui le Sauveur, le seul pour qui il est possible d’aller jusqu’au bout, de tout donner sans rien regretter.
Nous sommes comme des papillons en devenir : en transformation, accompagnés par la grâce de Dieu, en train de progresser jour après jour. Faisons donc notre part !
Père Daniel RIGAUD